Chapitre 43

 

 

Les semaines qui avaient suivi son retour à la vie auraient été les plus heureuses de son existence, Néomi en était certaine, si elle n’était pas revenue… différente, pensa-t-elle en écartant une mèche de cheveux sur le front de Conrad, endormi.

Peu après son retour, ils s’étaient mariés, dans l’intimité. Dès qu’elle avait repris des forces, après les événements de cette nuit agitée, Conrad avait fait venir à Élancourt un officiant du Mythos pour qu’il célèbre leur union.

Elle s’en voulait d’avoir épousé Conrad sans lui parler de ses doutes. Surtout après avoir découvert que Bowen avait failli ne pas ramener Mari de sa transe dans le miroir. Quelque chose était allé de travers.

Néomi le sentait. Elle avait changé.

Elle continuait à dormir le jour, comme avant, mais n’avait plus besoin que de quelques heures de sommeil, quatre en général. Elle pouvait manger, ou pas, les mets raffinés que Conrad lui rapportait du monde entier.

Elle avait essayé d’entrer en contact avec Mari, mais avait été informée que Bowen et elle se trouvaient sur une île au large du Belize.

Néomi aurait aimé confier son nouveau secret à Conrad, mais elle ne voulait pas l’inquiéter. Il était tellement enthousiaste, faisait mille projets, impatient de bâtir leur vie à deux. Il avait déjà entrepris de rénover Élancourt, et il semblait tellement heureux, réellement ravi de ce que l’avenir semblait leur réserver.

Pourtant, lorsque Néomi avait constaté qu’une coupure à son doigt avait disparu en une heure, elle avait été si stupéfaite qu’elle avait abordé le sujet, d’un ton hésitant.

— Je m’inquiète, Conrad. J’ai parfois l’impression de… ne pas être humaine.

— Mais bien sûr que si, tu es humaine, avait-il répondu en la prenant dans ses bras pour la faire tourner jusqu’à ce qu’elle lui sourit. Que pourrais-tu être d’autre ?

Le lendemain de son incarnation, elle avait été réveillée par des coups de marteau. Conrad s’attelait très sérieusement à la restauration de la maison.

Mais dès que Néomi avait été en meilleure forme, les travaux étaient allés beaucoup moins vite. Elle trouvait le corps de son bricoleur de mari absolument irrésistible.

Chaque fois qu’elle le voyait, torse nu, muscles saillants et luisants de sueur, il fallait qu’elle le séduise. « Je suis de nouveau en forme ! disait-elle. Et pour moi, être en forme, c’est être affamée de sexe. » Ce à quoi Conrad répondait : « À ton service ! »

Un jour, dans le studio, alors qu’elle l’observait, elle avait éprouvé une fierté et un désir si forts qu’elle en avait été bouleversée.

Il avait amoureusement huilé la barre d’exercice en acajou.

— Je te regarderai danser, ici, avait-il dit de sa voix grave. Je te regarderai pendant des heures, et ensuite, je lécherai ta peau moite.

Ils n’étaient même pas arrivés jusqu’au lit.

Une telle attention avait donné à Néomi envie de recommencer à danser, de profiter de ce studio qui avait si peu servi. Dès qu’elle s’en était senti la force, elle avait repris les entraînements. Son amour de la danse était intact.

Elle ne pourrait jamais remonter sur scène, mais avait décidé d’ouvrir une école de danse du Mythos.

Il n’en existait aucune, et elle avait été très émue d’apprendre que bien des enfants du Mythos, avec leurs cornes, leurs ailes et leurs cris de sirène, ne pouvaient pas s’inscrire dans les écoles humaines.

Lorsqu’elle avait demandé à Conrad ce qu’il pensait de son idée, il avait répondu :

— Si ça peut te faire plaisir, recrute tous les petiots du Mythos qui aiment le rose ! Mais il faudra que je trouve comment agrandir le studio, moi.

 

Conrad bougea dans son sommeil. Mais pas à cause d’un cauchemar. Il se tourna vers elle, elle lui caressa la joue, et il se rendormit. Les cauchemars se faisaient rares, depuis quelque temps.

Il hésitait à boire de nouveau au cou de Néomi une fois avait suffi. Les souvenirs de sa femme avaient été transférés dans son esprit. Néomi avait craint que cela ne réveille la folie en lui, mais en réalité, ils semblaient l’aider.

— Je rêve de musique, de rires et de chaleur humaine, lui avait-il dit. C’est… apaisant, d’être dans tes souvenirs. Éveillé, je suis avec toi, endormi, je suis avec toi. Et ça me plaît drôlement.

Elle savait qu’il n’était pas guéri pour autant. Pas encore. Il faudrait du temps. Mais l’avenir était tellement prometteur…

Si seulement elle avait su ce qu’elle était !

Parfois, lorsqu’elle se regardait dans un miroir ou apercevait son reflet dans une vitre, elle distinguait des bribes de Néomi le spectre l’ombre autour de ses yeux et sur ses pommettes apparaissait par flashs.

Sa vision nocturne était aussi bonne que lorsqu’elle était fantôme et, quand elle dormait, elle rêvait qu’elle flottait et déplaçait les objets par télékinésie.

Aujourd’hui, elle s’était réveillée avec un pétale de rose serré dans son poing.

Nïx venait lui rendre visite régulièrement. Elle examinait longuement Néomi de son regard doré, l’air fasciné. La veille, par exemple, elle était venue et n’avait rien dit de toute sa visite, se contentant de regarder Néomi.

— Nïx, qu’est-ce que je suis ? avait finalement demandé Néomi.

— Compliquée ?

— Je suis revenue différente, c’est ça ?

Nïx avait soupiré.

— Je n’arrive pas à te percevoir, ni dans le bon sens ni dans le mauvais.

Néomi ne se sentait plus rien du tout. Ni humaine ni fantôme.

 

Tu parles d’une réunion informelle…

— Assieds-toi, je t’en prie, dit Nikolaï en indiquant un des deux fauteuils en face de son bureau.

Sebastian occupait l’autre.

Conrad avait glissé jusqu’au château de Blachmount, où habitait Nikolaï, pour y retrouver ses frères.

Néomi avait lourdement insisté pour qu’il y aille.

Ses frères avaient des questions à lui poser sur son passé, et Conrad voulait racheter officiellement Élancourt à Nikolaï.

Il prit place. Savoir Néomi seule, pour la première fois depuis son incarnation, le mettait déjà à cran, mais se retrouver ici ajoutait encore à sa nervosité.

— Je croyais que vous seriez là tous les trois, dit-il. Où est Murdoch ? Lui, au moins, aurait su comment détendre l’atmosphère.

— Aux abonnés absents, répondit Nikolaï. Nous pensons que cela a quelque chose à voir avec sa promise « secrète ». Je crois que, pour la première fois de son existence, il a des problèmes de couple.

— Ça lui fera peut-être du bien, commenta Sebastian. Ça ne te fait pas bizarre de te retrouver là ? ajouta-t-il à l’intention de Conrad.

Il hocha la tête.

Ce château était l’endroit où Conrad et l’essentiel de sa famille étaient morts. Ses jeunes sœurs avaient pleuré ici, tandis qu’elles succombaient, les unes après les autres. Blachmount était l’endroit où Conrad était né et avait grandi. C’était aussi là qu’il était revenu d’entre les morts.

Pendant trois siècles, il avait haï Nikolaï pour la décision qu’il avait prise pour lui en cette nuit fatidique.

Aujourd’hui, il lui était redevable, à cause de Néomi. Sans lui et Murdoch, il n’aurait jamais rencontré sa femme.

— Ça m’a fait la même chose la première fois que je suis revenu, dit Sebastian.

Nikolaï étouffa un rire.

— Ça, c’est faux. Tu étais trop occupé à me tabasser.

— Bon, la deuxième fois, alors.

Un silence gêné s’installa. Conrad regardait autour de lui le bureau lambrissé, Nikolaï jouait avec un stylo, Sebastian bougeait les jambes sans arrêt.

Enfin, Nikolaï se leva.

— J’ai quelque chose pour toi, dit-il à Conrad.

D’un meuble classeur, il sortit une chemise cartonnée et la lui tendit. À l’intérieur se trouvaient l’acte de propriété d’Élancourt ainsi que les contrats de cession.

— J’ai fait mettre le domaine à ton nom et à celui de Néomi le soir où tu l’as retrouvée.

La tension de Conrad monta encore d’un cran.

— Je peux payer, tu sais.

— Techniquement, c’est la maison de Néomi, de toute façon, non ? Disons que c’est un cadeau de mariage.

Conrad détestait devoir quoi que ce soit à qui que ce soit.

— Attends, je reviens.

Il glissa jusqu’à Élancourt, vérifia que Néomi dormait bien, remit sa couverture en place, puis alla chercher une bouteille de whisky dans la caisse. Elle lui avait suggéré d’en emporter une, mais Conrad avait refusé en grommelant. De retour à Blachmount, il la tendit à Nikolaï.

— Seigneur, dit celui-ci en époussetant l’étiquette. Mais c’est un… c’est un…

— Et il est aussi bon que tu l’imagines, termina Conrad.

— Alors, arrête de le regarder, et buvons ! dit Sebastian en se levant pour aller chercher des verres.

 

Deux heures plus tard, Conrad se disait que, avec du bon whisky dans l’estomac, parler avec ses frères était beaucoup plus simple.

Quand Nikolaï et Sebastian lui demandèrent de raconter ce qu’il avait fait pendant trois siècles, il s’exécuta. Et lorsqu’ils lui posèrent des questions sur Néomi, il raconta fièrement tout ce qu’elle avait fait.

— Vous ne verrez jamais personne danser comme elle. Et cette propriété, elle l’a achetée seule. Imaginez un peu ça : dans les années vingt, une célibataire de vingt-six ans, riche, qui savait ce qu’elle voulait…

— Ni les chaînes, ni les médicaments, ni la force n’ont réussi à mater Conrad, dit Nikolaï, amusé. Mais une petite ballerine en fait ce qu’elle veut.

— Que vas-tu faire, pour sa mortalité ? demanda Sebastian.

— Je vais chercher un moyen de la rendre immortelle.

Devant leur expression gênée, Conrad ajouta :

— Je sais que les chances sont minces, mais c’est toujours plus probable que moi qui l’accompagne au paradis après sa mort, comme scénario.

Il vida son verre et en contempla le fond.

— Vous ne pensez pas à nos sœurs, quand vous êtes ici ?

Nikolaï et Sebastian échangèrent un regard entendu.

— Nous allons les ramener, annonça enfin Nikolaï. Nous avons trouvé le moyen de les faire revenir du passé. Pas de changer le cours de l’histoire, juste de revenir avec elles à notre époque.

Conrad fronça les sourcils. Nikolaï était-il en train de plaisanter ?

— Comment ?

— Nous avons une clé magique, annonça Sebastian, avec le plus grand sérieux.

Le mot « clé » faisait encore un peu tiquer Conrad.

Sebastian les resservit en whisky.

— Une déesse nommée Riora m’a accordé un tour de cette clé dans l’unique but de réunir ma famille. Et ça marche, je peux en témoigner.

Si Sebastian le sceptique disait que ça marchait, alors…

— Et vous vous êtes dit qu’on pourrait faire revenir le Conrad du passé, c’est ça ?

— Oui. La proposition tient toujours. Réfléchis.

Finis les yeux rouges, finis les souvenirs des autres qui te polluent l’esprit.

— Et qu’arriverait-il au Conrad d’aujourd’hui ?

— Tu t’évanouirais.

— Je savais bien que vous aviez un as dans votre manche… Pour que vous soyez aussi sûrs de ma guérison, il le fallait. Mais cela ne m’intéresse pas.

— Tu n’as pas envie de redevenir humain ? demanda Nikolaï.

— Plus d’yeux rouges, plus de sang…

— Et plus de force pour protéger Néomi, dit Conrad en secouant la tête. Or, je dois absolument pouvoir assurer sa sécurité.

Il but d’un trait son whisky, avant de leur demander :

— Pourquoi ne pas l’avoir fait, tout simplement ? Pourquoi vous être donné la peine de me capturer ?

— Nous voulions que tu sois dans un état stable pour que tu puisses prendre cette décision toi-même. Nous allions t’ôter ton immortalité, et tu aurais perdu trois cents ans de souvenirs. C’était une grave décision. Et je ne voulais pas commettre deux fois la même erreur, conclut Nikolaï à mi-voix.

— Il n’y a pas eu d’erreur, déclara fermement Conrad. Tu as pris une décision fatidique, et j’ai une dette envers toi.

— Parfait. Alors, tu nous donneras bien un petit coup de main pour élever les filles ?

Leurs sœurs allaient revivre ! Il allait avoir la chance de mieux les connaître. Néomi pourrait même leur apprendre la danse, pourquoi pas ? la grande surprise de Nikolaï et Sebastian, un large sourire se dessina sur les lèvres de Conrad.

— Bon, quand est-ce qu’on va les chercher ?

— Dès que Murdoch sera de retour.

Conrad ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais se figea. Quelque chose cloche. Aussitôt, un frisson lui parcourut l’échine.

— Je reviens, dit-il, disparaissant aussitôt pour Élancourt.

Il glissa droit dans le feu.

Ame Damnée
titlepage.xhtml
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Cole,Kresley-[Ombres de la nuit-4]Ame damnee(2008).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html